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Peut-on Être Chômeur et Auto Entrepreneur : Le Cumul Possible

Tu es au chômage et tu as un projet de création d’auto-entreprise ? Tu te demandes si c’est possible de cumuler les deux pour sécuriser ton lancement ? Et surtout, comment choisir entre garder tes allocations chaque mois ou recevoir un capital de départ ?

La réponse est oui, c’est tout à fait possible. Ce guide complet, à jour pour 2025, t’explique comment ça marche et t’aide à choisir la meilleure option entre le maintien de l’ARE et le versement de l’ARCE pour ton projet.

Maintien ARE vs ARCE : Le Grand Comparatif pour les Auto-Entrepreneurs

Avant de rentrer dans les détails, il faut comprendre les deux aides principales proposées par France Travail (l’ancien Pôle Emploi). Elles n’ont pas du tout le même objectif et leur impact sur tes finances sera très différent.

Ce tableau résume tout ce que tu dois savoir pour faire ton choix en un coup d’œil.

CaractéristiqueMaintien de l’ARE (Le Cumul)ARCE (Le Capital)
PrincipeTu continues de recevoir chaque mois une partie de tes allocations chômage, en plus de ton chiffre d’affaires.Tu reçois un capital de départ, versé en deux fois, pour lancer ton activité.
Calcul de l’aideTon ARE est ajustée en fonction de ton chiffre d’affaires (CA). La formule est : ARE initiale – (70% x Revenu estimé de l’auto-entreprise).L’aide correspond à 60% du montant total des droits au chômage qu’il te reste à percevoir.
Impact du Chiffre d’AffairesTon CA réduit directement le montant de l’ARE que tu touches chaque mois. Si ton CA est élevé, ton ARE peut être nulle.Une fois le capital versé, ton CA n’a plus aucun impact sur l’aide reçue.
Modalités de VersementVersement mensuel, après avoir déclaré ton CA à France Travail.Versement en deux fois : 50% au démarrage, puis 50% six mois plus tard (si l’activité existe toujours).
DuréeJusqu’à l’épuisement de tes droits. Les jours d’allocations non versés reportent la date de fin de tes droits.Tu consommes 60% de tes droits d’un coup. Si ton activité s’arrête, tu peux récupérer un reliquat de 40%.
Objectif PrincipalAssurer une sécurité financière continue et un revenu régulier, comme un filet de sécurité.Obtenir un financement de départ pour investir dans du matériel, un stock ou de la communication.
AvantagesStabilité des revenus, report des droits non utilisés, moins de risque financier au début.Capital important pour lancer le projet, indépendance face à France Travail une fois l’aide versée.
InconvénientsMontant variable, calcul parfois complexe, dépendance continue à la déclaration mensuelle.Perte définitive de 40% de tes droits au chômage, moins de filet de sécurité à long terme.
À privilégier si…Tu as besoin d’un revenu stable et tu anticipes un CA faible ou irrégulier au début.Tu as besoin d’un apport financier immédiat pour ton projet et tu es confiant sur ta capacité à générer du CA rapidement.

Le choix entre l’ARE et l’ARCE dépend donc entièrement de ta stratégie et de tes besoins. Il n’y a pas une solution meilleure que l’autre, seulement celle qui est la plus adaptée à ton projet et à ta situation personnelle.

Conditions et Démarches pour Cumuler Chômage et Auto-Entreprise

Pour pouvoir bénéficier de l’une de ces aides, il y a des règles à respecter. Elles concernent d’abord ton droit au chômage, puis les démarches à faire une fois ton entreprise créée.

Les conditions pour bénéficier de l’ARE

Avant même de penser au cumul, tu dois être éligible à l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE). Voici les critères principaux :

  • Avoir été involontairement privé d’emploi (licenciement, fin de CDD, rupture conventionnelle).
  • T’inscrire à France Travail dans les 12 mois qui suivent la fin de ton contrat de travail.
  • Justifier d’une période d’affiliation suffisante : avoir travaillé au moins 130 jours (ou 910 heures), soit environ 6 mois, au cours des 24 derniers mois (ou 36 mois si tu as 53 ans ou plus).
  • Rechercher activement un emploi. La création de ton auto-entreprise est considérée comme une démarche de recherche d’emploi.
  • Ne pas avoir atteint l’âge légal de la retraite à taux plein.

Les formalités obligatoires

Une fois que tu as créé ton auto-entreprise (et obtenu ton numéro SIRET), tu as des obligations déclaratives à ne pas oublier.

  • Informer France Travail : dès que ton entreprise est créée, tu dois le déclarer. C’est indispensable pour enclencher le cumul.
  • Déclarer ton chiffre d’affaires : tu dois déclarer ton CA à l’URSSAF (mensuellement ou trimestriellement) et aussi à France Travail chaque mois.
  • Actualiser ta situation tous les mois : sur le site de France Travail, tu dois indiquer que tu es toujours à la recherche d’un emploi et déclarer le montant de tes revenus d’auto-entrepreneur, même s’il est de 0 €.

Comprendre le Calcul de l’ARE avec l’Activité d’Auto-Entrepreneur

Le calcul du maintien de l’ARE peut paraître compliqué, mais il suit une logique simple. France Travail ne prend pas en compte 100% de ton chiffre d’affaires pour calculer ce qu’il te doit. Il applique d’abord un abattement.

1. L’abattement forfaitaire : la base du calcul

France Travail estime que ton chiffre d’affaires n’est pas ton revenu net. Il déduit donc une partie forfaitaire pour tes charges professionnelles. Ce pourcentage dépend de ton activité :

  • 71% d’abattement pour les activités d’achat-revente et de fourniture de logement.
  • 50% d’abattement pour les autres prestations de services commerciales (BIC).
  • 34% d’abattement pour les activités libérales et prestations de services (BNC).

Le ‘revenu’ retenu par France Travail est donc ton chiffre d’affaires brut MOINS cet abattement. C’est sur cette base que tout le reste est calculé.

2. La formule de calcul de l’ARE

Une fois ce revenu estimé, la formule pour connaître le montant de tes allocations est la suivante :

ARE mensuelle versée = ARE mensuelle initiale – (70% du revenu de l’auto-entreprise)

En clair, France Travail retire 70% de ton ‘revenu d’auto-entrepreneur’ (calculé après abattement) du montant de l’ARE qu’il aurait dû te verser.

💡 Exemple de calcul concret :

Imaginons Marie. Son allocation chômage initiale est de 1200€ par mois. Elle lance une activité de conseil (activité libérale) et réalise 1000€ de CA ce mois-ci.

  1. Calcul du revenu retenu : 1000€ (CA) – 34% (abattement) = 660€. C’est le revenu que France Travail prend en compte.
  2. Calcul de la déduction : 70% de 660€ = 462€. C’est le montant qui sera retiré de ses allocations.
  3. Calcul de l’ARE versée : 1200€ (ARE initiale) – 462€ (déduction) = 738€.

Ce mois-ci, Marie touchera donc 1000€ de son activité + 738€ de France Travail, soit un total de 1738€.

3. Le plafond et le report des droits

Il y a une règle importante à connaître : le cumul de tes revenus (ARE versée + revenu de l’auto-entreprise) ne doit pas dépasser ton ancien salaire journalier de référence (SJR). Si c’est le cas, le surplus d’ARE n’est pas versé.

Mais la bonne nouvelle, c’est que les allocations non versées ne sont pas perdues. Chaque jour d’indemnisation non payé décale d’autant la fin de tes droits au chômage. Ça te donne une sécurité plus longue si ton activité met du temps à décoller.

L’ARCE en Détail : Un Capital pour Démarrer

L’Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise (ARCE) est une option radicalement différente. Ici, pas de versement mensuel, mais un capital pour financer le lancement de ton projet.

Comment obtenir l’ARCE ?

Pour demander l’ARCE, tu dois remplir plusieurs conditions :

  • Être un demandeur d’emploi éligible à l’ARE.
  • Avoir créé ou repris une entreprise après la fin de ton contrat de travail.
  • Bénéficier de l’ACRE (Aide aux Créateurs ou Repreneurs d’Entreprise), qui est une exonération partielle de charges sociales (elle est souvent accordée automatiquement lors de la création).
  • En faire la demande expresse auprès de France Travail.

Une fois que tu as choisi l’ARCE, tu ne toucheras plus d’allocations mensuelles. Tu sors du système de l’ARE.

Versement et reliquat des droits

Le montant de l’ARCE est de 60% du capital de droits ARE qu’il te reste au moment de la création de ton entreprise. Ce montant est versé en deux fois :

  • Un premier versement de 50% du montant total dès que ta demande est validée.
  • Un second versement des 50% restants, 6 mois plus tard, à condition que ton auto-entreprise soit toujours en activité.
Que deviennent les 40% restants ?

C’est une question cruciale. Les 40% de tes droits que tu ne touches pas ne sont pas définitivement perdus. Si ton projet d’auto-entreprise s’arrête, tu peux demander à récupérer le reste de tes droits au chômage. Tu seras réinscrit comme demandeur d’emploi et tu recommenceras à toucher l’ARE, calculée sur la base de ce reliquat.

Cas Spécifiques et Nouveautés 2024/2025

La réglementation évolue et certaines situations particulières méritent d’être éclaircies.

Création de l’entreprise avant le chômage

Si tu avais déjà créé ton auto-entreprise en parallèle de ton job salarié avant de perdre celui-ci, les règles peuvent être différentes. Si cette activité était ‘conservée’, c’est-à-dire qu’elle te générait un petit revenu complémentaire, tu peux parfois bénéficier d’un cumul intégral de tes allocations avec les revenus de ton auto-entreprise. Il faut bien le justifier auprès de France Travail.

L’Allocation des Travailleurs Indépendants (ATI)

L’ATI n’est pas une aide à la création, mais une sorte de ‘chômage des indépendants’ en cas d’échec. Si tu fermes ton auto-entreprise et que tu n’as plus de droits à l’ARE, tu peux peut-être prétendre à l’ATI. Attention, les conditions sont très strictes :

  • Ton entreprise doit avoir fait l’objet d’une liquidation ou d’un redressement judiciaire.
  • Tu dois justifier d’un revenu annuel d’au moins 10 000€ sur les deux dernières années.
  • Tes ressources personnelles ne doivent pas dépasser le montant du RSA.

C’est une aide forfaitaire d’environ 800€ par mois, versée pendant 6 mois maximum.

Conseils Pratiques pour Optimiser votre Situation

Pour que tout se passe bien, voici quelques conseils pour gérer au mieux ton cumul.

  • Opte pour la déclaration mensuelle de CA auprès de l’URSSAF. Cela simplifie tes déclarations à France Travail et évite les régularisations complexes en fin d’année.
  • Anticipe bien tes revenus. Le calcul de l’ARE est basé sur ton CA. Essaie de prévoir tes rentrées d’argent pour estimer le montant de tes allocations.
  • Mets de l’argent de côté. Surtout si tu choisis l’ARCE, constitue-toi une trésorerie de sécurité pour les mois plus calmes.
  • Ne fais jamais l’impasse sur une déclaration. Oublier de s’actualiser ou de déclarer son CA peut entraîner la suspension de tes droits et des demandes de remboursement (trop-perçus).
  • Pense à ta protection sociale. En tant qu’auto-entrepreneur, tu ne cotises pas pour le chômage. Pense à souscrire une mutuelle et une prévoyance pour te protéger.

FAQ (Questions Fréquentes)

Puis-je être auto-entrepreneur et toucher 100% de mes allocations chômage ?

Oui, mais uniquement dans deux cas précis. Soit si ton chiffre d’affaires est de 0€, soit si ton activité d’auto-entrepreneur existait déjà avant la perte de ton emploi salarié et qu’elle est considérée comme ‘conservée’. Dans tous les autres cas de cumul ARE, tes allocations seront réduites.

Quelle est la différence entre ARE et ARCE ?

C’est la question centrale. Pour faire simple, l’ARE est un revenu mensuel de sécurité qui diminue avec ton CA, tandis que l’ARCE est un capital de départ versé en une fois qui te rend indépendant de France Travail. Pour un comparatif détaillé, tu peux te référer au tableau en début d’article.

Comment déclarer mon chiffre d’affaires à France Travail ?

Chaque mois, lors de ton actualisation sur le site france-travail.fr, tu auras une section pour déclarer tes revenus d’activité non salariée. Tu dois y indiquer le montant brut de ton chiffre d’affaires encaissé durant le mois, avant tout abattement.

L’auto-entreprise me donne-t-elle droit au chômage si je cesse mon activité ?

Non, en tant qu’auto-entrepreneur, tu ne cotises pas à l’assurance chômage. Si tu cesses ton activité, tu n’ouvres pas de nouveaux droits. Tu peux seulement toucher le reliquat de droits ARE qu’il te restait d’un précédent emploi salarié (ou l’ATI sous ses conditions très strictes).

Que se passe-t-il si j’ai l’ARCE et que mon auto-entreprise échoue rapidement ?

Tu n’as pas tout perdu. Tu peux te réinscrire à France Travail et demander à percevoir le reste de tes droits, c’est-à-dire les 40% qui n’ont pas été versés sous forme de capital. Tes droits reprendront là où ils s’étaient arrêtés.

Cumuler chômage et statut d’auto-entrepreneur est une vraie chance pour lancer ton projet avec plus de sécurité. Que tu choisisses la stabilité de l’ARE ou le coup de pouce de l’ARCE, chaque option a ses avantages.

L’important est de bien comprendre les règles, d’anticiper tes revenus et de faire tes déclarations sérieusement. Prêt à te lancer ? Le meilleur conseil est de te rapprocher de ton conseiller France Travail pour une simulation personnalisée et des conseils adaptés à ton projet.